Votre lettre à l'humanité

  • Cette rentrée des classe me renvoie à d'autres rentrées, les miennes, et à ces journées à rêver en regardant par la fenêtre ce soleil d'automne qui retenait dehors nos envies. Mon père me disait souvent : "Ho oui, toi tu n'es qu'un rêveur," et je vous assure que dans la bouche de cet ouvrier qui avait commencé à travailler à quatorze ans ce n'était pas vraiment un compliment...
    Je me suis défendu longtemps de cette critique, parce que je l'entendais comme un reproche, mais j'avais beau faire, avant d'avoir l'âge de me révolter, oui, je cherchais partout cette autre réalité, cet espace si doux et tellement merveilleux ou la vie était magie et beauté. En fait je me suis longtemps senti étranger à ce que l'on attendait de moi… Jusqu'au jour où, pour le coup, j'ai fait ce rêve, un vrai cette fois-ci !
    C'était un très vieil indien, il était assis sur le haut d'une falaise, mais la chose étrange est qu'il était mon rêve et j'étais le sien… en fait j'avais rencontré mon rêveur... cet homme là m'avait rêvé dans le présent aussi surement que je le rêvais dans le passé....
    En fait tout cela était plus qu'un rêve.
    Cette expérience à forgé en moi cette certitude que nous sommes des rêves qui tentent de s'incarner pour vivre vraiment et se réaliser. Chacun ses croyances, n'est-ce pas...
    Mais depuis ce jour, je n'ai fait que suivre mes rêves et mes envies, et la vie m'a toujours donnée raison, même quand parfois je me trompais.
    La plupart des gens ne croient plus en leurs rêves. Pourtant, parmi les Amérindiens, entre autre chez les indiens des grandes plaines, les Lakotas; les rêveurs étaient des gens respectés, voir même suivis. Sitting Bull fut un très grand rêveur, capable de "voir" l'avenir de son peuple.
    Quand parfois certaines "grandes" personnes se laissent aller à rêver, elles ne s'impliquent pas dans le rêve. Elles font des rêves d'un monde "idéal" mais dans lequel elles ne se voient pas.
    Je me souviens ainsi de cette hutte de sudation au cours de laquelle nous étions réunis pour "prier", c'est à dire pour projeter notre rêve à l'intention de "tous les nôtres" ( c'est ainsi que s'implique le guerrier lors de sa renaissance ; Mitakuye Oyasin - nous sommes tous reliés) et certaines personnes ont émis des vœux de paix universelle et d'Amour... La gamelle d'eau s'est presque renversée sur les pierres, et la température est devenue si vite insupportable que beaucoup de gens sont sortis.
    Et je revoie la face hilare de Gilbert, qui guidait la hutte, m'expliquer que les gens pensent toujours qu'ils peuvent invoquer n'importe quoi sans se sentir impliqué. Mais tous les rêves sont vrais, et demandent de la vérité pour s'accomplir.
    Si j'avais un vœu pour l'humanité, cela serait qu'elle puisse se reconnecter à la matrice du rêve, afin qu'il puisse enfin être réalisé, en sachant que les rêves sont comme l'univers : ils sont en expansion.
    Hervé Guidou, septembre 2015.